Urbanisme : faut-il construire en hauteur ou en largeur ?

En 2030, la population mondiale est projetée à 8,5 milliards d’habitants, et 9,7 milliards en 2050. Il faudra attendre la fin du siècle pour dépasser les 10 milliards, mais le fait est là : la population mondiale est en croissance permanente, et ne va pas s’arrêter de sitôt.

De même, la population urbaine ne cesse de croître : de 56 %, le pourcentage de gens habitant en ville en 2050 s’approchera des 70 %. Imaginez, près de 7 milliards de personnes, juste dans les villes du monde.

Ainsi, les urbanistes auront des défis à accomplir dans le futur. Où loger toutes ces personnes ? Que construire pour les loger ? Comment agencer la ville dans le futur ?

Architektôn se penche sur le sujet

Construire en hauteur

Que signifie construire en hauteur ? Cela signifie une approche verticale aux problèmes de la densité urbaine. Au lieu de construire plus de maisons et résidences, de se concentrer sur plus d’immeubles et agrandir ceux déjà existants

Il s’agit d’un système déjà pratiqué dans beaucoup d’endroits à forte densité de population. La Chine (Hong-Kong – 7,3 millions d’habitants), L’Inde (Mumbaï – 18,4 millions d’habitants), les États-Unis (New York – 8,4 millions d’habitants) et même le Japon avec la mégapole qu’est Tokyo et ses 13,9 millions d’habitants, sont des pays ayant une forte population urbaine. Ces centres urbains s’étendent sur plusieurs dizaines de kilomètres dans toutes les directions, et utilisent de nombreux types d’immeubles de tailles variées, pour l’habitation ou les bureaux, pour résoudre le problème de la surface au sol.

Quels avantages ?

Construire de cette manière possède plusieurs avantages : 

• La possibilité d’optimiser l’utilisation de l’espace : Pour chaque mètre carré au sol, la construction en hauteur permet une réutilisation de celui-ci. La seule limite est le nombre d’étages, mais une tour permet donc de réutiliser cet espace au sol autant de fois qu’elle possède d’étages.

• Regroupement des services : Certaines tours, en particulier aux États-Unis, possèdent des commerces (en général au rez-de-chaussée), permettant une centralisation de la vie autour de l’immeuble.

• Le bruit : Plus un immeuble est haut, moins les habitants des étages supérieurs sont affectés par le bruit. L’étage le plus bruyant semble être le 4e selon un étude menée par Flatlooker, et le bruit se déplace en hauteur, avec une diminution à partir du 7e étage.

• Le prestige : Qui n’a jamais voulu habiter au dernier étage d’un immeuble ? Regarder les passants de l’étage le plus haut d’une tour ? Les penthouse, ces appartements au dernier étage, comprenant parfois même une terrasse sur le toit, sont extrêmement prisés du fait de leur isolation et de leur vue sur la ville.

Les désavantages

Bien sûr, ce format n’est pas parfait, ou les immeubles auraient supplanté toutes les formes d’habitations existantes.

• Terrible impact sur l’environnement : Que ce soit par leur construction ou simplement par leur existence, les constructions en hauteur sont un puits à ressources. Exposés au soleil en été, aux vents froids de l’hiver, construits avec des matériaux non écologiques comme le béton, le poids en carbone des immeubles est beaucoup plus élevé que des bâtiments plus petits.

• Risques urbains et difficultés de circulation : Intervenir sur un immeuble est un problème. Si un feu se déclare au 25e étage d’un immeuble, les pompiers peuvent avoir des problèmes pour intervenir. Pareillement si les services médicaux doivent intervenir rapidement sur une personne située dans les étages supérieurs. Il a été aussi observé le risque potentiel que la chute d’un immeuble peut causer aux zones environnantes, même s’il s’agit d’un cas extrême.

• Vie en collectif : Que vous aimiez ça ou non, vous n’avez plus le choix. Vous faites désormais partie d’une communauté, avec des voisins dans toutes les directions. La copropriété doit être consultée et prend des décisions avec lesquelles vous n’êtes pas toujours d’accord, car ce bâtiment dans lequel vous habitez loge aussi des dizaines d’autres personnes.

• Laideur urbaine : Ce point comprend de multiples problèmes. Tout d’abord, une ville complètement en hauteur canalise le pire du climat. Chaud en été, humide en hiver, le soleil qui se cache derrière les tours. Il s’agit d’un environnement vraiment problématique lorsqu’il s’agit de considérer le climat.

Ensuite, tout simplement un degré d’uniformité et de manque d’imagination qui peut exister lors de leur construction. Un immeuble est un bâtiment très compliqué à mettre en œuvre, du fait de la gravité et du vent. Cela pousse l’architecte à devoir respecter certaines contraintes, qui ne sont pas toujours en accord avec la liberté d’expression.

Construire en largeur

Mais assez avec les immeubles et les gratte-ciels, c’est maintenant le tour des villes faites de petits bâtiments

Les avantages

• Écologie : Que ce soit par leur construction, par leur taille, ou par les matériaux possibles à l’utilisation, un bâtiment à un étage est moins problématique pour l’écologie qu’un gratte-ciel. Charpente en bois, surface exposée aux éléments réduite, habitations mitoyennes contribuant à réguler la température , autant de facteurs qui contribuent à cette économie.

• Habitations à taille humaine : Vivre dans une maison, c’est vivre dans un environnement à sa mesure. Pas de longues distances à couvrir pour aller dans la rue, pas de torticolis si l’on veut regarder sa maison. Au-delà de ces soucis, il y a aussi un impact psychologique à avoir une habitation à taille raisonnable

• La possibilité d’un environnement plus vert : Les jardins de ville sont en voie de disparition, mais certains subsistent encore et toujours, donnant un poumon vert bien nécessaire aux zones urbaines. Pour réguler les précipitations et les températures, un regroupement de végétation près des logements est une chose importante que l’on ignore trop souvent !

Les inconvénients d’une ville en largeur

Ce système n’est pas parfait, loin de là. De nombreux inconvénients existent si l’on décide de construire uniquement des petites habitations familiales

• Prix : Le prix de l’immobilier ne fait que croître, et même s’il s’agit d’un problème plus large que juste le choix entre un immeuble et une maison, posséder sa propre habitation est devenu un casse-tête trop cher pour certains.

• Étalement urbain et manque de diversité : Si une ville ne s’élève jamais en hauteur, il faudra continuer de construire dans les zones environnantes. Cela est observable en particulier aux États-Unis, où certaines zones d’habitations s’étendent sur des centaines de kilomètres carrés, sans commerces ni autres bâtiments que des maisons.

• Cauchemar pour l’urbanisation : De manière évidente, il est nécessaire de rattacher tous ces nouveaux logements à l’électricité, l’eau courante et cette petite nouveauté appelée Internet. Cela représente des kilomètres et des kilomètres de câbles et tuyaux allant dans toutes les directions. Si cet agrandissement urbain n’est pas contrôlé de manière adéquate, la tâche des urbanistes chargés de remanier ces zones s’annonce difficile.

Un choix simple à faire ?

Bien entendu, le choix n’est pas aussi simple à faire. Que l’on accepte ou non le fait, la population ne cesse de croître, et il faut remédier à ce défi. Avec ce futur, il faut accepter des compromis, et des solutions qui réunissent le meilleur des deux mondes.

Les immeubles de petite taille (3-5 étages) permettent déjà souvent d’obtenir les meilleurs résultats, et avec l’avancée de la science de nouvelles solutions apparaissent pour aider à imaginer un ville meilleure pour tous.

Ne laissez juste personne vous convaincre que le futur, c’est habiter en souterrain !