Les ponts sont l’un des produits de l’architecture les moins appréciés. Aujourd’hui, il s’agit d’un simple moyen pour traverser une rivière ou un ravin. Et surtout, il s’agit d’un travail d’ingénieur plus que d’un travail d’architecte !
Mais cela n’a pas toujours été le cas, et même aujourd’hui certains ponts se différencient de par leur style, leur design ou même leur taille. Les ponts peuvent être des réalisations architecturales avec un mérite qui leur est propre, différent d’autres ouvrages architecturaux.
Découvrez les ponts, une création de l’architecture dictée par le besoin, accomplie avec panache et malheureusement souvent ignorée aujourd’hui.
La conception d’un pont
Une petite analyse technique des ponts avant de commencer. Un pont est un ouvrage d’art (à ne pas confondre avec œuvre d’art !) composé de 3 éléments :
- Les fondations
- Les appuis, qui comprend les piles ou piliers et les culées.
- Le tablier, qui est la pièce supportant la chaussée du pont.
Il s’agit d’une idée simple, mais pour concevoir un pont il faut prendre en considération de nombreux facteurs, tels que la distance entre le début et la fin du pont, les sols sur lesquels les appuis seront construits et fondations implantées, la force d’un courant si les piles doivent être submergées dans un corps d’eau, et les risques liés à la nature mais aussi à l’humain.
Deux grandes forces régissent la construction d’un pont :
- La compression, qui comme son nom l’indique compresse et écrase la structure du pont. Le poids du pont et la charge des objets et personnes lui passant dessus contribue à cette force
- La tension, qui elle étire les matériaux et peut les fendre si leur résistance n’est pas suffisante. Il s’agit d’un type de force plus retrouvé dans les ponts modernes, tels les ponts à haubans ou suspendus, qui allient deux types d’appuis.
Les sciences ont simplifié la plupart des processus concernant ces forces, et les matériaux modernes tels que le béton et l’acier permettent de construire de véritables ponts géants, reliant parfois des points très éloignés.
Cinq grandes catégories de ponts existent :
- Les ponts à voûte, l’image la plus classique des ponts. Les exemples les plus faciles à retrouver sont les ponts antiques romains et grecs. Il s’agit d’une voûte unique ou multiple soutenant le tablier
- Les ponts à poutres, un autre exemple simple. Le tablier est installé sur des piliers droits plantés dans le sol.
- Les ponts en arc. Une évolution des ponts à voûte, ici les piliers sont placés en appui sur un arc, alliant la compression à la tension
- Les ponts à haubans et les ponts suspendus. Bien que similaires, ils diffèrent par leur construction. Un pont à haubans est suspendu sur chaque pilier, tandis que dans le cas d’un pont suspendu les câbles porteurs sont ancrés sur les rives du pont.
À ce jour, le plus grand pont au monde en matière de portée est un pont suspendu, le pont du détroit d’Akashi qui, avec ses deux piliers, couvre près de 4 kilomètres avec une portée centrale de 1991 mètres (lisez : la distance centrale entre les deux piliers du support). Le pont suspendu est le modèle privilégié pour franchir de grandes “brèches” sans autre support.
Et les architectes dans tout ça ?
Les ponts sont des défis d’ingénierie, mais cela n’empêche pas les architectes d’avoir leur mot lors de la conception. De nombreux ponts à travers le monde servent un but aussi esthétique que pratique, en particulier lorsqu’il s’agit de ponts au sein des villes permettant le passage des piétons et de cyclistes.
Avec un peu d’inventivité et de créativité, certains d’architectes ont créé des ponts aussi intéressants à observer qu’ils sont à emprunter :
Le pont Friedrich Bayer, São Paulo
Situé en face du siège de Bayer au Brésil, ce pont à été conçu pour ressembler à deux nénuphars sur la rivière Pinheiros. Mais ce n’est pas tout, car le pont est tournant, et ces plateformes servent d’axe pour tourner et permettre aux bateaux de passer
L’Infinity Bridge, Stockton-on-Tees
Un pont en arc en Angleterre, son nom vient de sa forme très particulière. Avec ses deux voûtes asymétriques, le pont forme le symbole de l’infini avec son reflet dans l’eau.
Le pont Juscelino Kubitschek, Brasília
Un autre pont en arc au Brésil, ce pont se démarque par ses arcs qui s’entrecroisent de manière alternée de chaque côté du tablier. L’architecte l’ayant réalisé, Alexandre Chan, à reçu la médaille Gustav Lindenthal pour ce à la Conférence internationale des ponts de 2003 et aussi le prix ABCEM 2003 pour la plus belle construction métallique de l’année
Le pont de Biscaye, Bilbao
Un design plus rare, celui du pont transbordeur, ce pont construit en 1893 est le premier dans son genre. Création de l’architecte espagnol Alberto de Palacio et de l’ingénieur français Ferdinand Arnodin, il s’agit d’une nacelle suspendue au tablier du pont lui-même par un chariot roulant, faisant des allez-retours. De par les besoins modernes de trafic automobile, ce genre de ponts ne se fait plus (il n’en reste que 8 dans le monde).
Le pont, un rapport entre l’art et la technique
Par ses fonctions et besoins, un pont est bien souvent une œuvre minimaliste, avec le moins de détails possible. Cela rend le travail d’un architecte plus difficile, car il ne peut pas toujours influencer les détails qu’il désire.
Néanmoins, cela est possible. Les cas précédents l’ont prouvé, et il existe d’autres détails tels que les matériaux, les couleurs ou encore l’implémentation dans l’environnement qui rendent le travail de l’architecte plus important qu’on ne le pense.
Et puis il est toujours possible d’être architecte-ingénieur et de coiffer les deux casquettes pour réaliser un pont.
Réfléchissez sur les ponts la prochaine fois que vous en empruntez un !