L’habilitation à exercer la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMONP)
L’habilitation à exercer la maîtrise d’Œuvre en son Nom Propre (HMONP) est une formation permettant à l’Architecte Diplômé d’Etat (ADE) d’exercer en son nom en s’inscrivant au Tableau de l’Ordre des architectes.
La formation à l’HMONP a été mise en place suite à la réforme de 2005 au sujet des études en architecture afin de les adapter au système d’enseignement supérieur en trois cycles (Licence, Master, Doctorat).
Accès à la formation
L’HMONP est une formation accessible aux titulaires du Diplôme d’Etat d’Architecte (DEA). Celui-ci valide un grade de master après cinq années d’études dans une école nationale supérieure d’architecture (ENSA). Les titulaires d’un diplôme délivré par une formation d’architecture qui n’est pas sous la tutelle d’un ministère peuvent également être admis à la formation à la condition d’une dispense du DEA ou d’un accord d’équivalence de celui-ci. Ce dernier cas peut par exemple concerner les ressortissants européens titulaires d’un diplôme étranger aux qualifications équivalentes et reconnu par la directive européenne de 2005 visant à la reconnaissance mutuelle des titres académiques en architecture. L’accord d’équivalence est décidé par une commission composée d’une dizaine d’enseignants et d’architectes professionnels.
L’HMONP peut également être obtenue par une procédure de validation des acquis de l’expérience (VAE). Celle-ci permet de vérifier des connaissances théoriques, un savoir méthodologique et technique d’un architecte qui a par ailleurs déjà justifié une expérience d’au moins trois ans dans un secteur de la maîtrise d’œuvre architecturale et urbaine. La candidature à la VAE est examinée par une commission pédagogique de l’école d’architecture, qui peut valider une partie ou la totalité des 150h de la partie enseignement théorique. La procédure de validation des acquis de l’expérience se termine par une soutenance devant un jury.
L’HMONP correspond donc au troisième cycle de formation en architecture, permettant à l’architecte de poursuivre ses études après son grade de master. La formation est d’une durée maximum d’un an. Elle peut être entamée juste après l’obtention du DEA ou à tout au moment de la vie professionnelle de l’architecte.
Enseignement et objectifs
La formation comprend une partie d’enseignement théorique et pratique suivie d’une mise en situation professionnelle (MSP) d’une durée minimum de six mois. Elle a pour objectif d’approfondir et étendre les acquis techniques, économiques et juridiques de l’architecte afin de le préparer à l’exercice de son statut de maître d’œuvre. Celle-ci requiert une connaissance solide de la réglementation liée à l’architecture et de l’économie d’un projet de construction. A l’issue de cette formation, l’architecte doit être capable de prouver sa maîtrise des règles et contraintes liées à la maîtrise d’œuvre.
La partie théorique et pratique de la formation comprend 150h d’enseignement et a lieu dans une Ecole Nationale Supérieure d’Architecture. Elle porte donc sur la compréhension des responsabilités professionnelles de l’architecte, de la déontologie de sa profession, la délivrance de savoirs techniques et réglementaires, ainsi que compréhension des acteurs et des outils qui conditionnent un projet de construction. La formation doit également cultiver l’esprit critique de l’architecte sur ses futures pratiques professionnelles : il doit pouvoir cerner les différentes problématiques culturelles, temporelles et techniques liées à la spécificité de chaque projet.
Ces enseignements théoriques et techniques peuvent être validés soit par un contrôle continu soit par un examen final.
La mise en situation professionnelle
La deuxième partie de la formation constitue en une mise en situation professionnelle (MSP) pour une durée minimum de six mois, à temps plein. Celle-ci a lieu dans des secteurs de la maîtrise d’œuvre architecturale et urbaine. Chaque Ecole Nationale Supérieure d’Architecture définit les modalités et l’évaluation de la mise en situation professionnelle. Celle-ci place l’architecte en situation de maître d’œuvre et l’engage ainsi à mettre en pratique les acquis théoriques de la première partie de la formation.
La MSP est déterminée par une convention établie entre l’architecte, son école nationale supérieure d’architecture et la structure professionnelle qui l’accueille. Cette convention rappelle les règles d’évaluation et de suivi établies par l’ENSA, les attentes envers l’architecte au cours de la MSP et fixe la rémunération dont il bénéficiera. Cette convention peut prendre la forme d’un CDD, d’un CDI ou d’un contrat de professionnalisation. La MSP peut par ailleurs être exécutée en France ou à l’étranger.
L’architecte mis en situation professionnelle est suivi par un tuteur, issu de la structure professionnelle au sein de laquelle il évolue. Le tuteur est responsable de l’architecte : il assure son accueil et son insertion dans la structure, suit et évalue son travail en fonction des attentes établies par le contrat, et transmet ainsi ses appréciations à l’école d’architecture. Son évaluation du travail de l’architecte est prise en compte par le jury lors de la soutenance de fin d’année. Le tuteur peut éventuellement assister à cette soutenance afin d’aider le jury dans son évaluation.
Production personnelle
Plusieurs productions documentaires et académiques sont demandées à l’architecte au cours de sa formation à l’HMONP :
– Un rapport de la mise en situation professionnelle. Celui-ci prend la forme d’un journal de bord que l’architecte en formation doit tenir régulièrement afin de reporter ses activités au sein de l’organisme professionnel. Il a pour objectif d’entretenir un suivi des tâches exécutées par l’architecte, de décrire le contexte et l’organisation de la structure professionnelle et de développer une pensée critique sur le fonctionnement d’une structure en tant que maître d’œuvre. Ce journal de bord est en principe révisé tous les mois par son tuteur et un enseignant de l’école d’architecture.
– Le mémoire professionnel. Il s’agit d’un document d’environ vingt pages qui doit analyser l’expérience de la MSP en fonction des enseignements théoriques acquis au cours de la formation à l’HMONP. Il doit comprendre une synthèse de la mise en situation professionnelle, accompagnée d’une étude de cas (sur laquelle il a travaillé au cours de la MSP par exemple),
– Le projet professionnel. Il s’agit d’une réflexion sur un ou plusieurs projets professionnels considérés par l’architecte à la fin de sa formation à l’HMONP. Il y présente des idées de carrières, de secteurs d’activité de l’architecture ou encore des thématiques vers lesquels il envisage s’orienter. Il doit y inclure une pensée critique des contraintes et possibilités intrinsèques à un projet ainsi que le contexte économique, social et culturel de celui-ci.
Ces productions personnelles, ainsi que le travail de l’architecte fourni au cours de la formation théorique et de la mise en situation professionnelle, sont évalués par une soutenance finale face à un jury. Celui-ci valide ou non l’atteinte des objectifs de la formation par l’architecte et, dans le cas positif, lui délivre l’habilitation à exercer la maîtrise d’œuvre en son nom propre.