Vous êtes convoqué par les ENSA en entretien et n’avez aucune idée de ce qui vous attend ? Un des élèves d’Architektôn a choisi de nous parler de ses impressions lors des entretiens, et de faire un retour sur la manière dont ils se sont passés. Questions, détails, expériences, il nous explique son parcours lors de cet événement très intense et stressant.
Découvrez l’envers du décor des entretiens des écoles d’architecture de Paris-Malaquais, Paris-Belleville, Paris-Val de Seine et Paris-La Villette !
Comment étaient les jurys des différentes écoles ?
Les différents jury étaient curieux, ils cherchaient à en savoir davantage sur moi. À Belleville, ils étaient un peu plus détendus. À Val de Seine, ils étaient 3 dans le jury, 2 professeurs et 1 étudiant, ils étaient intéressés par ce que je disais, en particulier l’étudiant qui cherchait constamment à me relancer dans mes idées.
Au final, ils étaient tous bienveillants et souriants, même si l’ambiance était sérieuse. Une bonne impression, ils cherchaient à m’encourager plus qu’à me casser.
Avais-tu un portfolio à présenter ?
Oui. On a travaillé notre portfolio à la prépa, beaucoup sur l’apparence. Mon book est relié et avec des pages en papier un peu épais et cartonné, façon canson. J’ai fait mes dessins puis je les ai scannés en format numérique avant de tout ramener chez l’imprimeur. J’ai dessiné plusieurs styles, plusieurs techniques, et représenté plusieurs objets. J’ai des objets du quotidien, des bâtiments, des paysages…
Je me suis intéressé à mes modèles, au-delà de l’apparence, j’ai cherché à savoir ce que c’était. À La Villette, ils voulaient que je tourne les pages et parle moi même de mes dessins. J’ai préféré quand ils regardaient à leur rythme et posaient des questions, c’était plus détendu.
Quelles questions ont-ils posées ?
La question qui est revenue le plus, parce que j’ai passé mon bac l’année dernière, c’était “Qu’est ce que vous avez fait pendant un an ?”. J’ai trouvé un boulot, fait du dessin, obtenu un stage d’architecture, rejoint la prépa…
J’ai eu des questions sur mon portfolio, aussi. Ils cherchaient souvent à savoir si certains de mes dessins étaient fait à partir d’une photo ou non, si je connaissais le sujet, quels sentiments j’avais en dessinant.
De par mes origines, ils m’ont demandé si j’avais vu des différences architecturales et différences culturelles entre l’Espagne et la France. J’ai dû surtout développer sur ce que j’ai fait lors de mon stage d’architecture, les tâches…
Finalement, il y a surtout eu des questions plus sur moi que sur mes capacités.
Y a-t-il eu un commentaire d’image ?
Oui, à Belleville. Ils avaient disposé sur le bureau plusieurs feuilles avec deux images face cachée, et ils demandaient d’en choisir une puis de répondre à la consigne écrite sur la feuille. Ils ne voulaient pas une description formelle, mais une lecture plus profonde des images, plus philosophique. C’est aussi le seul endroit où je n’ai pas pu présenter mon portfolio.
Ils m’ont aussi fait un retour sur mon analyse d’image, avec les choses que j’avais manquées. Les enseignants du jury ont vraiment cherché à me relancer quand j’hésitais, à me faire parler et continuer mon train de pensée.
As-tu été questionné sur ta lettre de motivation et ton dossier ?
À Belleville, oui. Pendant l’analyse d’image, ils m’ont donné 5 minutes pour me préparer, et ils ont regardé mon dossier pendant ce temps.
À la Villette, comme je candidatais pour le double-diplôme architecte-ingénieur, j’ai mis des mots qui appartenaient à l’ingénierie, comme voie ou chaussée. On m’a demandé ce que les voies signifiaient pour moi en architecture. J’ai aussi parlé du fait que les architectes font des ponts et construisent l’infrastructure.
On m’a questionné pour voir si ma lettre de motivation était pensée et si je savais de quoi je parlais. Ils ont vraiment vérifié ce que j’ai dit avoir fait et les potentielles incohérences dans mon dossier.
Y a-t-il eu des questions de culture générale ?
Un jury m’a posé des questions sur le musée Guggenheim, parce que je l’avais dessiné. Ils m’ont aussi demandé si je pouvais voir une différence entre les espaces verts de la France et de l’Espagne. À Madrid par exemple, il y a des arbres presque partout tandis qu’ici il faut vraiment aller dans les grands boulevards ou sur les quais de Seine.
Y a-t-il des questions qui t’ont marqué ? Quelque chose qui t’a surpris ?
Sur l’un de mes dessins, on m’a demandé s’il était réalisé d’après une photo. Ça m’a marqué, mais je ne sais pas pourquoi on m’a demandé ça. Après ça, j’ai dû expliquer plusieurs fois que je suivais des cours de dessin, parce qu’un enseignant du jury me demandait si j’étais autodidacte. C’était flatteur.
Il y avait pas mal de bruit à Paris-Val de Seine, la présence des autres élèves m’a toujours embêté lors des exercices d’entretiens, alors j’ai eu de la chance d’être dans un coin isolé pour l’entretien. Les entretiens étaient aussi souvent faits en retard.
Tout le monde était souriant et de bonne humeur, ça m’a agréablement surpris. Je m’attendais à quelque chose de plus sérieux, genre entretien d’embauche.
Comment t’es tu senti pendant l’entretien ?
Pour chaque entretien, le début était un peu stressant. Je n’étais pas sûr du comportement à adopter avec les jury, mais je me suis détendu après. Ils ont tous cherché à me mettre à l’aise, ça a facilité ma manière de répondre.
Te sens-tu plus à l’aise maintenant que tu as passé plusieurs entretiens ?
Plus calme maintenant, oui. J’étais plutôt nerveux avant de les passer, en particulier quand j’ai dû en passer trois en un seul jour !
J’étais plus détendu après ces trois entretiens, mais je suis resté sérieux jusqu’au bout pour le dernier. L’heure de passage était tard dans la journée, j’ai détesté attendre et ça m’a mis un peu la pression. Je ne voulais pas commencer quelque chose de peur d’arriver en retard ou de ne pas être prêt.
As-tu des conseils à donner ? Quelque chose que tu aurais voulu savoir avant l’entretien ?
Arrivez à l’heure ! je suis arrivé un peu juste à un entretien car je ne trouvais pas la salle, et heureusement que ça c’est bien passé parce que ça débute mal un entretien. Et puis arriver en avance et attendre devant la salle, ça rend plus serein.
Préparez votre portfolio, sachez parler de chacun de vos dessins. Vérifiez si vous scannez vos dessins qu’ils soient bien passés avant de les intégrer à votre portfolio.
Allez chez l’imprimeur au moins une fois avant pour voir s’ils ont les détails que vous voulez pour votre book. Préparez-vous et n’y allez pas au dernier moment.
Des quatre écoles, laquelle voudrais-tu le plus intégrer ?
Je reste partagé entre Paris-Malaquais et Paris-Val de Seine.
À Paris-Malaquais, je suis intéressé par leurs cours sur le patrimoine. Les locaux sont aussi très bien, ils ont une salle pour chaque cours. Leur programme Erasmus m’a aussi l’air d’être le plus développé et plus intéressant que les autres.
Paris-Val de seine, j’ai beaucoup aimé leur côté associatif et le fait qu’ils aient des promos plus grandes (250 pour la promo de premières années !). Ils mélangent aussi les élèves de master avec des élèves de licence, c’est intéressant à voir. Le L1 vient aider le master, et en retour il apprend du master sur comment faire des choses et comment utiliser les outils. Il y a plus d’échanges, plus d’interactions entre les promotions. Il y a aussi beaucoup d’espace, et leur amphithéâtres ont l’air plus agréables et confortables. Ils ont plus de moyens, d’outils comme une salle de photographie et une “matériauthèque”.
Est-ce que tu t’es senti préparé par ce que tu as fait à la prépa ?
Oui, pour la présentation personnelle en particulier. On a fait beaucoup d’entretiens blancs, 5 ou 6 avec un professeur ici, l’entretien est presque devenu un automatisme. Ça m’a aidé sur la fluidité de mon oral et mon assurance envers les jury.
Pour le portfolio, on a aussi eu un cours, et l’enseignant nous a aidés à faire de la production de dessins et encouragé à produire des réalisations. J’ai aussi eu de l’aide sur certains détails comme la police et la taille de mon nom, comment mettre l’année, la mise en page…
Ce n’est pas juste les cours de portfolio et l’entretien, c’est toute l’année qui m’a aidé. Par exemple, avec les dessins du musée Guggenheim, si je n’avais pas fait un exposé dessus, je n’aurais pas pu en parler au jury comme je l’ai fait. Cette année m’a donné beaucoup de confiance en moi et m’a fait sentir préparé à l’entretien.
Y a-t-il des informations en plus que tu veux partager ?
La prépa m’a aidé à me décider si je voulais vraiment faire de l’architecture. Il y avait une fille dans ma classe qui voulait faire de l’architecture mais plus l’année a avancé, moins elle voulait continuer. Pour moi c’était l’inverse, j’ai commencé l’année de manière plutôt indifférente, mais après avoir suivi des cours de première année en architecture, je voulais vraiment continuer des études d’architecture.
N’ayez pas peur du jury !
Pour ceux d’entre vous qui avaient des doutes ou des craintes sur l’entretien d’entrée en architecture, cet entretien devrait pouvoir vous rassurer. N’ayez pas peur des enseignants du jury mais surtout préparez-vous.
Les professeurs souhaitent vous voir parler et vous exprimer sur des sujets concernant l’architecture, sur vos intentions ou sentiments derrière un dessin, sur un quelque chose que vous avez pu faire. Ne vous enfermez pas dans une coquille, ils veulent avant tout vous écouter et vous connaître.
Vous avez tous les moyens de réussir. Bon courage !
