Que faire lorsque l’on veut reconstruire l’intérieur d’un bâtiment, sans changer la façade ? Si la devanture d’un immeuble est intéressante, mais qu’il n’est plus possible de l’utiliser ? Le patrimoine immobilier français est vaste, mais que faire quand celui-ci tombe à l’abandon ou qu’il n’est plus utile ?
Ce défi, existant depuis longtemps dans les pays possédant un patrimoine historique remontant à diverses époques, a depuis trouvé sa réponse : la réhabilitation. Différente de la rénovation, la réhabilitation consiste à modifier l’intérieur, parfois en démolissant, sans pour autant toucher à la façade.
Lors de vos études d’architecture, vous allez apprendre comment dessiner et concevoir en neuf, mais aussi comment intervenir en réhabilitation, un domaine qui prend de l’importance avec les bâtiments vieillissants. Que ce soit réaménager l’intérieur pour un meilleur bilan énergétique ou encore détruire complètement l’intérieur pour mieux reconstruire et donner une nouvelle direction, cette méthode permet à d’anciennes constructions de trouver une seconde vie.
Cité de la mode, Paris
Terminée en 2008 après des travaux retardés plusieurs fois, la Cité de la mode a finalement ouvert ses portes en avril 2012. Paris étant la capitale de la mode, le désir d’avoir un nouvel endroit dédié à ce genre a saisi l’ancien ministre de l’Industrie. Cet ancien bâtiment industriel des bords de Seine a été identifié par la Ville de Paris comme l’occasion parfaite pour une réhabilitation.
Chantier conçu par JAKOB + MACFARLANE, le bâtiment se démarque par le plug vert qui le rend identifiable au premier regard. Il s’agit désormais d’un lieu où l’Institut français de la Mode a pris ses quartiers, mais la seconde moitié du lieu a été mise à disposition à des marques qui peuvent venir exposer leurs collections.
La Cité de la Mode divise. Certains trouvent sa nouvelle apparence kitsch tandis que d’autres applaudissent son apparence particulière et la réutilisation de cet emplacement sur les Docks sans avoir détruit une image du Paris de la Belle Époque. Toujours est-il que le projet est un succès, et démontre l’utilité de la réhabilitation sur des projets différents du logement.
Gare de la ville de Panama, Panama
Monument historique depuis 1996, la gare de Panama possède un historique avec lequel peu peuvent rivaliser. Construite en 1912, abandonnée en 1960, puis transformée en un musée en 1976, la gare est passée par de nombreuses étapes. En 2005, à la suite d’un manque de mesures de conservation pour s’assurer de son état, le Musée anthropologique Reina Torres de Arauz est relocalisé ailleurs en attendant des travaux de réhabilitation.
Projet complexe, les travaux débutent en 2017 et sont placés sous l’égide du Ministère de la Culture du Panama. Le site étant classé, les architectes doivent réconcilier le design original mais en le rendant plus adapté pour son utilisation moderne. Restaurer l’ancienne structure, créer une extension pour agir en tant que réserve pour le musée… La gare désormais centenaire demande beaucoup de travaux, et le prix du chantier le reflète : 14 millions de dollars américains.
Le projet est actuellement toujours en cours.
Párisi Udvar, Budapest, Hongrie
L’un des meilleurs exemples de travaux de réhabilitation peut se retrouver en Hongrie, à Budapest. Le Párisi Udvar est un ancien bâtiment datant du XXe siècle, qui a vu passer la fin de l’Autriche-Hongrie, deux guerres mondiales et l’URSS. Endommagé par des années de maltraitance et d’abandon, il a été racheté en 2014 par une entreprise d’hôtellerie.
Les architectes de la firme Archikon ont donné le meilleur d’eux-mêmes sur ce bâtiment de la Belle Époque, et le Párisi Udvar a obtenu une seconde vie. Les équipes travaillant sur ce chantier ont eu pour instruction de respecter le design de l’édifice, et de renforcer la construction pour le transformer en un hôtel. Les vitraux, mosaïques et bas-reliefs ont été conservés, ce qui a rendu son charme d’époque au lieu.
Réouvert en 2019, l’hôtel est un lieu touristique au cœur de Budapest mais aussi un exemple d’une restauration d’un bâtiment de plus d’un siècle. Cette œuvre est à la fois utile pour le public tout comme une conservation du patrimoine de la ville et du pays.
La réhabilitation, l’architecture de demain ?
Avec le temps, les besoins en architecture changent, mais détruire le passé pour faire place au nouveau peut ne pas être le meilleur choix. Réhabiliter de nombreux bâtiments laisse une certaine facilité aux urbanistes, car ils n’ont pas besoin d’être intégrés au paysage urbain. Détruire des morceaux d’histoire pour les remplacer par des immeubles sans âme est une perte économique et historique.
Pour les architectes en devenir et ceux désirant être urbanistes, marier le passé et le présent est l’une des qualités les plus importantes que vous pouvez démontrer, avec votre créativité. Ce n’est pas simple, mais des réussites comme celles montrées dans cet article démontrent qu’il est néanmoins possible de le faire.
