Portrait
Quand as-tu décidé que tu voulais suivre des études d’architecture ?
J’ai tout d’abord découvert l’architecture durant mes études d’Histoire de l’art à la fac au travers de cours magistraux qui restaient cependant très généralistes. Puis, c’est suite à un rendu en cours d’art monumental, que l’enseignant m’a conseillée de m’orienter vers l’architecture, car il pensait que cela me correspondrait après avoir observé ma façon d’appréhender les projets.
Finalement c’est durant une expérience au sein d’une association humanitaire pour construire une maternité dans un village sénégalais, dans lequel nous sommes partis pendant deux mois, que j’ai pris conscience de la dimension humaine à laquelle on pouvait accéder au travers de cette profession. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de me lancer dans cette aventure.
Quelle filière as-tu suivi au lycée ? Étais-tu bonne élève ?
J’ai obtenu mon bac littéraire au rattrapage, après avoir redoublé ma seconde. Autant dire que j’étais pas une tête, mais j’étais douée pour l’écriture. C’est après, quand j’ai pu m’orienter vers quelque chose que j’avais choisi, que j’ai commencé à m’épanouir, à réussir, à avoir de bons résultats et même à finalement m’ennuyer. En effet, le système de la fac n’est pas très exigeant et je ressentais l’envie que l’on m’en demande plus, que l’on me mette au défi !
Néanmoins, cette formation à l’université m’a permis d’avoir une lecture peut-être plus sensible et poétique sur mes projets.
Pourquoi avoir choisi l’ESA ?
Très sincèrement parce que je n’avais déposé que deux autres dossiers en école publique et que je n’ai pas été retenue.
Selon toi, quelles sont les caractéristiques de l’enseignement qui la distingue des autres écoles ? (+ ou – de calculs, lien avec l’ingénierie, débouchés public/privé, rapport au dessin à la main…)
A mon sens, ce qui distingue l’ESA des autres écoles, c’est son enseignement contemporain, en suggérant que c’est à nous d’être suffisamment curieux et autodidactes pour découvrir l’histoire de l’architecture dans sa totalité.
Comment as-tu préparé l’épreuve d’admission du concours ?
Au moment de mon entrée, les conditions d’admission de l’ESA n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui car le niveau était moins élevé. Mais je dirais que mon objectif était justement d’essayer de me démarquer par mon parcours et de rechercher ce que je pouvais apporter de plus à ce domaine par rapport à ma personnalité et la manière d’aborder cette profession.
Quels conseils donnerais-tu à un élève de Terminale qui s’apprête à passer les concours d’écoles d’architecture ?
Je lui conseillerais de mettre en avant toute sa capacité à être curieux et ouvert au monde. D’exposer sa vision de l’architecture, de cibler ce qu’il est capable d’apporter à l’architecture et pourquoi. En gros, savoir exprimer sa propre identité et déterminer le rôle que l’on pourrait jouer ou bien justement celui que l’on ne voudrait pas interpréter.
La scolarité à l’ESA
Raconte-nous une semaine type (soit de première année, si tu t’en souviens, soit de cette année) : matières, sorties / temps libre, déjeuner dans l’école ou dans le quartier, le week-end projets ou repos ?
Les cours varient en fonction des années. Voici quelques intitulés : structure et morphologie urbaine ; lecture des lieux ; histoire des inventions architecturales ; histoire de l’art ; sociologie de l’urbain ; informatique ; philosophie ; construction ; chantier ; histoire de Paris ; morphologie des structures ; méthodologie du projet ; descriptive ; géométrie constructive ; histoire de l’architecture ; conception et ingénierie des structures…
En troisième année on suit un semestre d’intensifs sur les domaines de l’acoustique, de la sécurité incendie, en éclairage et sur le climat. De mon point de vue il serait bien plus intéressant de dispatcher ces cours sur un année entière voir deux, afin d’avoir plus de temps pour apprendre ces supports techniques très importants et ne pas avoir l’impression de devoir tout ingurgiter d’un coup et de l’apprendre par cœur plutôt que d’essayer de le mettre en pratique durant un stage par exemple.
Il y avait aussi des séjours à l’étranger organisés par l’école, mais personnellement je n’y ai pas participé car malheureusement ce sont des séjours courts et très chers en général. C’est une école privée, mais il va de soi que nous n’avons pas tous le même niveau de vie.
Alors… je vais être honnête, le temps libre, tu oublies ! Pour ma part je ne voyais plus mes amis comme avant, et pour les sorties c’était un peu pareil, donc c’est pas mal de se faire un réseau d’amis dans l’école. Je travaillais la nuit, je dormais peu, je me débrouillais pour obtenir des jobs au sein de l’école, mais j’étais passionnée et franchement on ne sent pas les heures de boulot passer quand on s’éclate dans les projets étudiants !
Est-il possible d’avoir un job en parallèle d’une école d’architecture ?
Les trois premières années sont très intenses au niveau du nombre d’heures de cours, donc des journées très chargées. Mais mieux vaut s’y faire rapidement car c’est plus ou moins le rythme de vie d’un futur architecte. Selon moi, il est tout à fait possible de travailler durant ses études, une année j’ai cumulé jusqu’à trois boulots en même temps, avec un poste en agence, une place au sein du bar de l’école et un poste d’assistante auprès d’un enseignant.
T’es-tu sentie perdue à un moment de ta scolarité à cause du niveau d’exigences de l’école ?
Non, jamais au niveau de l’école, mais envers moi-même oui ! Parfois, on ne se sent pas à la hauteur car on peut vite se laisser absorber par un projet et perdre la capacité à prendre du recul. C’est ici que le travail d’équipe prend toute son importance, l’échange, le partage, une interprétation différente : cela permet un enrichissement et une possibilité à faire évoluer le projet dans une direction nouvelle.
Comment se passe la relation avec les nouveaux ? Y a-t-il un parrainage systématique ? Les premières années participent-ils aux projets des plus anciens ?
Il n’y a pas de parrainage particulier entre les nouveaux et les anciens, mais bien sûr des premières années sont réquisitionnés au moment des diplômes pour « faire les petites mains » comme on dit ! Toutefois ni l’école ni le BDE n’ont instauré de procédure particulière sur un parrainage, du moins pas à ma connaissance.
Quel est le projet le plus marquant que tu aies réalisé au cours de tes années à l’ESA ?
Bien évidemment mon diplôme… C’est LE projet où l’on peut se lancer dans un travail d’un an et demi sur lequel on peut approfondir un sujet et surtout commencer à se projeter dans la profession.
Finalement, c’est aussi le reflet de notre interprétation de l’architecture et de l’identité que l’on s’est construite durant ces cinq années.