Vous avez pu le constater, mais la chaleur de l’été est un fléau dans les grandes villes. À Paris par exemple, il fait en moyenne 2 à 3 degrés de plus que dans les zones plus rurales !
Ce type d’augmentation de la température en fonction de la densité et de l’agencement urbain s’appelle un îlot de chaleur, et se fait ressentir pendant le retour des beaux jours dans beaucoup de villes du monde, que ce soit en Europe, en Amérique du Nord ou encore en Asie.
La question se pose alors : comment lutter contre cette augmentation de la température estivale ? Y a- t-il une solution pour remédier à la chaleur étouffante des villes en été ?
Rétrécir et couvrir les rues
Limiter les surfaces ensoleillées, c’est limiter la quantité de chaleur qui peut s’installer dans les infrastructures et ressortir pendant la nuit. Pour ce faire, des rues plus étroites sont intéressantes. Moins de surface directement sous le soleil, et les bâtiments bordant la rue créent des zones d’ombre, rendant la température plus agréable.
Pour aller plus loin, il est même possible de couvrir les rues avec des auvents ou des couvertures en tissu clair pour renforcer l’ombre de la rue. Malaga, en Espagne, a déjà expérimenté cette stratégie de couvrir les rues avec des tentures et des toiles en crochet, obtenant une réduction de la température et y ajoutant un charme indéniable !
Plus de verdure !
La végétation est instrumentale dans la réduction de la température. Elle crée de l’ombre mais aussi de la fraîcheur en “évapotranspirant” son eau. Vous pouvez voir cet effet immédiatement lorsque vous faites une balade en forêt, l’air ambiant est tout de suite plus frais qu’à l’extérieur de celle-ci.
Il ne pas non plus oublier qu’un arbre seul au milieu d’une place n’aura pas un grand effet ! Pour que la végétation ait un impact sur la température, on doit mettre en place des espaces verts, ou installer de nombreux arbres dans les rues. Encore une fois, nos voisins espagnols ont compris cette idée, avec des arbres couvrant les grandes rues mais aussi parsemés à travers les villes.
L’idée de couvrir les façades avec de la végétation fait son chemin, mais peut aussi s’avérer contre productive en multipliant la consommation en eau des villes au-delà du raisonnable, alors que des arbres communs à une rue peuvent accomplir un résultat similaire en diminuant la température au sol. De plus, d’autres solutions existent pour les bâtiments !
Jouer de l’architecture
Aller dans le sens du vent
Protéger les rues du soleil est un bon moyen d’empêcher la chaleur de s’infiltrer dans le goudron et les pierres, mais il existe un moyen tout aussi efficace et beaucoup plus simple d’empêcher l’accumulation de chaleur ! Le vent est un des moyens les plus efficaces pour ventiler une ville, encore faut-il que celle-ci soit optimisée pour laisser passer les courants d’air. Il est nécessaire de penser de grandes avenues ininterrompues dans le sens du vent, d’empêcher les bâtiments de bloquer la circulation de l’air, et de s’assurer que les nouvelles constructions n’interrompent pas le souffle de l’air…
Autant de choses à faire pour s’assurer que la chaleur reste agréable, et pas insupportable. Stuttgart est un pionnier dans ce domaine, et aujourd’hui pour construire au sein de cette ville, il faut faire appel à des spécialistes pour vérifier l’impact du chantier, avant son début.
Utiliser des couleurs claires
Mais ce n’est pas tout ! Plus simplement, il faut se souvenir des propriétés thermiques des matériaux, et de leur couleur. Les couleurs claires renvoient la luminosité et empêchent l’accumulation d’îlots de chaleur, tandis que les couleurs sombres attirent et emmagasinent la chaleur. Des toits clairs, un goudron moins sombre… ce sont des solutions utiles pour empêcher les piétons d’être rôtis sur les trottoirs !
Des solutions plus atypiques
Bien entendu, certaines de ces solutions ne sont pas toujours applicables dans tous les cas, ou même envisageables par les pouvoirs publics car elles sont coûteuses et peuvent nécessiter d’importants travaux. Toutefois, certaines solutions sont réalisables, et ce à la hauteur de l‘individu.
La clim’, c’est fini !
La climatisation est un outil très agréable pendant l’été, mais il faut se souvenir que son utilisation a un prix ! Non, pas votre facture d’électricité, ou même son impact sur l’effet de serre avec sa consommation en énergie, mais plutôt la chaleur qu’elle dégage. Pour votre confort, une unité de climatisation rafraîchit votre maison ou appartement, mais en retour dégage une forte chaleur vers l’extérieur (c’est le principe de l’échange thermique).
Cette chaleur se retrouve à l’extérieur certes, mais contribue au réchauffement de la température au sol, qui en retour fait à nouveau monter la température dans votre habitation. C’est un véritable cercle vicieux, encore plus si plusieurs personnes habitant côte à côte s’en équipent.
Donc arrêtez la clim, et ouvrez vos fenêtres ! Par contre, n’oubliez pas avant coup de faire le plus d’ombre possible en fermant les volets.
Réutiliser l’eau de pluie ?
Et si on réutilisait ce que nous donne la nature ? Les Japonais se sont remis à une de leurs traditions, “l’uchimizu”. Cette tradition consiste à garder les eaux de pluie, et s’en servir pour humidifier les trottoirs. Cela peut sembler une cause perdue, jusqu’à ce que l’on se souvienne que le Japon est aux mêmes latitudes que l’Espagne, que la température estivale tourne régulièrement autour des 30 degrés celsius (si ce n’est plus !) et que cette méthode diminue bien la température au sol.
Cette méthode peut être faite par les particuliers, mais aussi par les pouvoirs publics ! Rien n’empêche les mairies locales de mettre des circuits de récupération de l’eau de pluie, et de rafraîchir l’atmosphère par des fontaines alimentées par cette eau de pluie. Autant lier l’utile à l’agréable, non ?
Des solutions pratiques pour un besoin immédiat
Si vous habitez dans une grande ville, vous avez pu constater que les étés sont parfois très chauds, avec pas ou peu d’air circulant à travers les rues, et aucune ombre pour s’abriter.
Il faut changer cela, car les prédictions pour le climat du futur ne sont pas optimistes. Les températures prédites pour 2050 sont placées entre 40 et 50 degrés dans les villes. Imaginez le four !
Alors, prévoyez pour ce futur. L’architecture de demain est placée dans les mains des futurs diplômés, donc nous vous invitons à vous montrer sensible à cette question de la température des villes, qui sera l’un des enjeux du métier d’architecte.