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Architecture parisienne : les colonnes Morris

Architecture parisienne : les colonnes Morris

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Au même titre que les fontaines Wallace et que les bouches de métro d’Hector Guimard, les colonnes Morris sont bien ancrées dans le paysage urbain de Paris. Si ces icônes du mobilier de la ville font partie intégrante de l’architecture de la capitale, on les trouve dans d’autres villes partout en France.

Savez-vous à quoi servent ces colonnes et qui les a fait construire ? Architektôn revient sur l’histoire de ces éléments de mobilier urbain !

Qui est à l’origine des colonnes Morris ?

Pour comprendre d’où nous viennent ces colonnes qui font désormais partie du paysage urbain de Paris et de nombreuses autres villes françaises, il faut remonter au début du XIXe siècle.

À cette époque, les théâtres sont nombreux et se multiplient. Pour promouvoir leurs spectacles, des affiches et des programmes sont placardés partout dans l’espace public, dans l’anarchie la plus totale. En 1839, le préfet de la Seine autorise alors l’installation de “colonnes moresques”. Il s’agit, curieusement, d’urinoirs entourés d’un support cylindrique sur lequel sont installées des affiches.

Ce mobilier à double fonction plutôt étonnant fait l’objet de nombreuses critiques. La ville de Paris finit par lancer un concours pour remplacer ces pissotières par un nouveau support. C’est l’imprimeur Gabriel Morris qui remporte le marché grâce à son modèle de colonnes exclusivement réservé à l’affichage de l’offre de spectacles. Il s’inspire directement des colonnes allemandes conçues et installées par l’imprimeur Ernst Liftaß à Berlin à la même époque pour pallier le foisonnement des affiches publicitaires.

En 1868, les premières colonnes Morris voient le jour et Gabriel Morris reçoit le monopole de l’affichage sur ces nouveaux supports pour 9 à 12 ans.

Comment les colonnes Morris sont-elles conçues ?

Ces colonnes, de forme cylindrique, ne peuvent pas se rater avec leur surface de 4m² recouverte de publicités dédiées à l’offre culturelle.

Elles sont construites en fonte et peintes de la couleur verte emblématique du mobilier parisien, comme les fontaines Wallace par exemple. Surmontées d’une marquise hexagonale et d’un dôme, les colonnes ont très peu changé au cours du temps. Les anciens modèles étaient ornés de six mufles de lions, “gardiens de la culture et de la liberté d’expression”.

À la fin du XIXe siècle, l’architecte Gabriel Davioud en modifie légèrement le design en ajoutant un bandeau contenant les mots “Théâtre” ou “Spectacles” sous la marquise et un médaillon de la ville de Paris. Sur celui-ci, un navire flottant sur une mer orageuse rappelle la devise de la ville “Fluctuat Nec Mergitur”. L’espace d’affichage est aussi plus long grâce à une forme de colonne plus élancée.

Certaines colonnes sont creuses et aussi utilisées comme espace de rangement ou de stockage. Elles peuvent être rotatives et même éclairées la nuit.

Les colonnes Morris en danger ?

Vers une disparition des colonnes Morris ?

Les colonnes Morris se fondent dans le paysage urbain de Paris depuis le XIXe siècle. Elles font partie intégrante de l’architecture de la ville, placées au service de la vie culturelle. C’est donc tout naturellement qu’est née une polémique en 2006, après que le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a annoncé la destruction de 223 d’entre elles.

Pour “désencombrer l’espace public”, les colonnes Morris passent de 773 à 550. Les théâtres et autres établissements d’arts vivants et du spectacle s’inquiètent de voir ainsi disparaître un support qui leur était consacré. 

Les colonnes Morris sont pour partie remplacées par le nouveau modèle conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte. Résolument modernes et de couleur grise, ses colonnes ont la forme d’une capsule. Il y en a actuellement 55 dans les rues de la capitale.

Changement de toutes les colonnes Morris

En 2019, la société JCDecaux remporte un appel d’offres pour changer les 550 colonnes Morris restantes. La ville de Paris souhaite en effet se débarrasser des anciennes colonnes pour les remplacer par un parc complètement neuf et respectueux de l’environnement. Construites dans des matériaux biosourcés et recyclables, les nouvelles colonnes seront aussi moins énergivores.

Les designers de l’entreprise ont travaillé sur un nouveau modèle, parfaitement inédit, qui viendra remplacer le modèle historique de Davioud (495 colonnes) et le modèle plus moderne de Wilmotte (55 colonnes).

Pour éviter toute polémique, JCDecaux a pris soin de conserver les caractéristiques principales des colonnes Morris. Le nouveau modèle de colonne garde donc leur forme élancée, leur couleur verte emblématique, les mêmes ornements et la marquise.

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